Le compostage bientôt obligatoire ?

À ce sujet, les spéculations vont bon train. Une chose est sûre, la loi sur la collecte des biodéchets est amenée à évoluer en France dès le 1ᵉʳ janvier 2024.

Mais qu’entraine réellement cette mesure ? Va-t-on vers un compostage obligatoire pour l’ensemble des ménages français ? Pour vous, on démêle le vrai du faux sur ces nouvelles règles qui risquent de bouleverser notre quotidien.

La loi relative à la lutte anti-gaspillage et à l’économie circulaire est d’ores et déjà en vigueur depuis le 10 février 2020 (loi AGEC). Toutefois, cette mesure visant à minimiser le gaspillage à outrance tout en favorisant la valorisation de nos déchets ne s’applique pas obligatoirement à chaque particulier.

L’application de cette nouvelle loi, préconisée par une directive européenne, va-t-elle alors imposer à chaque foyer de posséder chez soi un composteur ?

Eh bien, pas réellement. En revanche, ce qui évolue à partir du 31 décembre 2023 est « l’obligation pour les collectivités de proposer une solution de tri à la source des biodéchets », comme l’indique Muriel Bruschet, ingénieure à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).

En d’autres termes, si vous ne disposez pas d’un bac de compostage à domicile pour différentes raisons, chaque commune devra impérativement être à même de vous proposer une solution de compostage. Mais concrètement, comment cela se matérialise-t-il ?

Les collectivités ou les associations citoyennes auront à leur charge l’organisation d’une collecte séparée des biodéchets, grâce à l’installation de composteurs collectifs ou encore de poubelles et conteneurs spécifiques.

Certaines villes ont déjà entamé leur processus de mutation bien avant l’entrée en matière de cette mesure.

Des villes comme Morlaix, Dinan ou encore le territoire du pays d’Auray ont également d’ores et déjà mis à disposition de leurs administrés des composteurs ou des conteneurs collectifs.

À terme, le but est que chacun puisse composter ses déchets dans un site de compostage proche de chez lui.

Ces professionnels sont amenés à intervenir lors d’opérations de compostage domestique ou partagé. Ils sont en quelque sorte les référents techniques dans la prévention et la gestion des biodéchets.

Aucune amende n’est pour l’instant à l’ordre du jour, si vous n’avez pas installé de bac à compost dans votre jardin.

Mais attention, car si vous outrepassez les consignes de tri et de collecte de biodéchets établies par votre commune, vous vous exposez à une amende de 35 euros (75 euros si vous ne payez pas dans le temps imparti).

Toutefois, pas d’inquiétude, l’année 2024 sera considérée comme une année de transition. En ce sens, il y a fort à parier qu’une certaine indulgence vous sera accordée.

Certaines villes fournissent gratuitement des composteurs à leurs administrés, comme cela est notamment le cas dans la métropole bordelaise.

Dès 2024, les particuliers qui résident dans un immeuble se doivent aussi d’adopter les bons réflexes en compostant leurs épluchures de carottes et autres peaux de bananes, comme tout citoyen français.

Cependant, il est toujours plus facile d’installer un composteur lorsque l’on a la chance de pouvoir profiter d’un jardin. Si vous vivez en appartement, votre commune n’a peut-être pas encore mis de bac de compostage à disposition des habitants de l’immeuble.

Pour vous préparer aux nouvelles règles, voici quelques solutions :

• placer un petit bac de compostage sur votre balcon ;
• installer un composteur dans la cour de l’immeuble d’un commun accord avec vos voisins ;
• faire une demande à votre commune.

Dans l’hexagone, on estime que chaque individu jette l’équivalent de 83 kilos de déchets organiques par an. Or, il est possible de les valoriser en leur offrant une seconde vie.

Pour connaitre précisément la définition de ce terme un peu « fourre-tout » et y voir plus clair, il convient de se reporter à l’article L541-1-1 du Code de l’environnement.

Après consultation de ce dernier, on apprend que les biodéchets sont répartis dans différentes catégories. On retrouve ainsi : « les déchets non dangereux biodégradables de jardin ou de parc, les déchets alimentaires ou de cuisine provenant des ménages, des bureaux, des restaurants, du commerce de gros, des cantines, des traiteurs ou des magasins de vente au détail et les déchets provenant des usines de transformation de denrées alimentaires ».

En d’autres termes, le tri des biodéchets concerne les déchets verts (tontes de pelouse et autres débris végétaux), les déchets alimentaires (épluchures, laitages, croûtes de fromages, morceaux de pain, les produits non utilisés ou périmés, etc.) et certains déchets de maison (sachets de thé, essuie-tout, serviettes en papier, marc de café, etc.).

De nos jours, les biodéchets sont encore trop peu triés par l’ensemble des Français.

• Protéger la planète : les déchets sont éliminés grâce à la combustion. Les transformer en compost permet de réduire l’empreinte carbone.
• Fabriquer des engrais naturels : le compost est en fait bien plus qu’un engrais. Il est en réalité un amendement, car il améliore la fertilité du sol durablement. C’est donc tout bénéfice pour vos plantations.
• Favoriser la production de biogaz : il est en effet possible de transformer nos déchets organiques en énergie !
• Gagner de la place dans votre poubelle : selon l’ADEME, grâce au tri de vos déchets alimentaires, vous pouvez jeter entre 40 et 60 % de détritus supplémentaires dans votre poubelle principale.
• Devenir écoresponsable : la gestion de vos déchets permet de responsabiliser chaque membre de votre foyer.

Les déchets difficilement dégradables comme les branches ligneuses, les os ou les noyaux sont de préférence à éviter. Tout comme les mauvaises herbes dont les graines pourraient germer.

Les morceaux de viande sont à introduire avec parcimonie, car ils ont tendance à attirer toutes sortes de nuisibles, en particulier les rats. De la même façon, le dépôt de coquilles d’œuf qui se décomposent très difficilement devra être fait avec modération.

En revanche, les couches-culottes, les produits chimiques, les matériaux comme le verre, le métal ou le plastique sont impérativement à proscrire.

Découvrez ci-dessous quelques précieux conseils pour obtenir un compost qualitatif !

• Appliquez un mélange de catégories opposées : brassez des déchets carbonés (branchages, herbes sèches et feuilles mortes, etc.) avec des déchets azotés (restes de repas, tontes de pelouse).
• Servez-vous d’un broyeur : le découpage et le broyage des végétaux et autres déchets alimentaires favorisent l’action de micro-organismes. En outre, vous gagnerez de la place dans votre bac de compostage.
• Aérez votre compost : il est essentiel de réaliser un brassage des matières, car ces micro-organismes ont besoin d’oxygène. De plus, sans aération, vos déchets dégageront une odeur nauséabonde.
• Contrôlez régulièrement les déchets : soit en les arrosant s’ils sont trop secs, soit en les laissant sécher au soleil si ceux-ci présentent une humidité excessive.

Ainsi, vous repérerez instantanément les éventuels manques ou excès d’humidité, tout comme les déchets qui résistent à la décomposition. Vous pourrez alors agir en conséquence.

Si vous voulez plus de détails, nos experts vous expliquent en détail dans cet article, comment réussir son compost chez soi.

• Le tri des biodéchets devient obligatoire dès le 1ᵉʳ janvier 2024, mais aucune sanction n’est pour l’instant prévue si vous ne disposez pas d’un bac à compost chez vous.
• À défaut d’un composteur individuel, une solution de compostage doit vous être impérativement proposée par les collectivités grâce à l’installation de composteurs collectifs partagés.
• Tout le monde y gagne en compostant ses déchets organiques : vous réalisez un acte citoyen et écologique, tout en récupérant gratuitement un excellent fertilisant pour votre terre de jardin !