Comprendre la classification des chaussures de sécurité
Votre activité nécessite de porter une paire de chaussures de sécurité adaptée à votre environnement de travail ? Vous vous demandez quelles sont les normes à respecter, les critères à prendre en compte et les nouveautés à connaître ? Vous vous sentez perdu parmi tous les sigles et références proposés ? Alors, cet article est fait pour vous !
Nous allons revenir sur l’histoire de la norme EN ISO 20345, puis nous aborderons le niveau de protection offert par les différentes catégories, et la signification des marquages additionnels. Matériaux utilisés, métiers concernés, pas d’inquiétude, nous allons tout vous expliquer. Alors, serrez bien vos lacets, et emboîtez-nous le pas !
Les évolutions de la norme EN ISO 20345
Revenons d’abord aux sources. À l’origine, en 1993, la norme EN 345 visait à harmoniser les règles relatives aux équipements de protection individuelle au sein de l’Union européenne. Révisée plusieurs fois, elle a dû tenir compte, au fil du temps, des évolutions technologiques et des retours d’expérience des utilisateurs.
La norme EN ISO 20345 correspond à la fusion entre EN 345, la norme européenne, et ISO 20345, la norme internationale de référence pour les chaussures de sécurité. Adoptée en 2011, puis modifiée en 2021, elle a pour objectif d’assurer une meilleure compatibilité entre les normes européennes et internationales, ainsi qu’une meilleure reconnaissance des chaussures de sécurité sur le marché mondial.
Quelle que soit la norme attribuée à un EPI, celle-ci est toujours évaluée et certifiée par des organismes compétents et indépendants. Le comité technique chargé de son élaboration regroupe des experts de différents pays européens. Les mises à jour s’effectuent en tenant compte des besoins des utilisateurs, des technologies des fabricants, et des contraintes des autorités. Puis la certification des chaussures de sécurité est réalisée par des organismes notifiés, habilités à délivrer le marquage CE.
Ainsi, la norme EN ISO 20345 constitue la norme européenne en vigueur pour les chaussures de sécurité. Elle définit ses exigences minimales de protection, de confort et de résistance. Elle comporte également des normes additionnelles selon les besoins spécifiques de chaque métier ou environnement de travail. En garantissant un niveau élevé de qualité et de sécurité, elle contribue à prévenir les accidents du travail et les maladies professionnelles. Enfin, elle facilite le choix et l’achat des chaussures de sécurité, grâce à un système de classification que nous allons détailler.
Les catégories des chaussures de sécurité
La norme EN ISO 20345 répertorie les chaussures de sécurité en fonction du niveau de protection qu’elles offrent. Les différentes classes se composent d’une lettre S, suivie d’un chiffre et d’une ou plusieurs lettres, qui indiquent les exigences minimales et optionnelles. Il existe neuf catégories principales de chaussures de sécurité, allant de SB à S7, qui se distinguent par les caractéristiques suivantes :
- SB : Cette classe détermine les exigences de base attendues pour des chaussures de sécurité. Munies d’une coque de protection, elles doivent résister aux chocs (200 joules) et aux écrasements (15 kN). Une semelle résistante aux glissements, des critères de confort et d’ergonomie, et l’obligation d’utiliser des matériaux robustes, encadrent les conditions de fabrication.
- S1 : Aux attributs de la catégorie SB s’ajoutent des propriétés antistatiques (marquage A). Les chaussures de sécurité S1 dissipent les charges électrostatiques afin de limiter les risques d’étincelles au contact d’appareils électroniques. De plus, elles offrent une absorption d’énergie au niveau du talon (E), pour un meilleur confort. Vous pouvez aussi voir la notion de norme ESD sur les boîtes des chaussures, nous avons rédigé un article sur cette norme si vous voulez plus de précisions.
- S1P : Ces chaussures bénéficient en plus d’une semelle antiperforation grâce à l’intégration d’une plaque métallique.Les marquages PS et PL concernent la résistance à la perforation apportée par une plaque de textile ou de composite, selon la taille de la pointe :
– pointe S : 3 mm ;
– pointe L : 4,5 mm.Ainsi, la catégorie S1P se décline avec les options S1PS et S1PL. - S2 : Ces chaussures de sécurité incluent toutes les caractéristiques des chaussures S1. Elles assurent, en plus, que le matériau hydrofuge de la tige résiste à la pénétration de l’eau (WPA, Water Penetration and Absorption). Attention, les chaussures de la catégorie S2 ne disposent pas de semelles antiperforation.
- S3 : Les modèles de cette catégorie combinent toutes les caractéristiques des S2, auxquelles il faut ajouter une résistance à la perforation P, PS ou PL. Vous vous souvenez ? P, la plaque en métal, PS, la plaque en composite conçue pour résister à une pointe fine, PL, la pointe en composite conçue pour résister à une pointe large. Ces chaussures S3 proposent également une semelle de marche à crampons. Vous trouverez donc dans ce groupe des chaussures de sécurité normées S3, S3S ou S3L, selon la nature de leur semelle antiperforation.
- S4 : Les bottes de sécurité de la catégorie S4, fabriquées intégralement en caoutchouc ou polymère, sont entièrement imperméables. Elles reprennent les caractéristiques de la classe S1 : coque de protection contre les chocs et les écrasements, résistance aux glissements, propriété antistatique, et absorption d’énergie au talon. Elles sont également sans lacets ni coutures, ce qui facilite leur entretien et leur hygiène.
- S5 : Toujours totalement étanches à l’eau, ces bottes de sécurité disposent, contrairement aux S4, d’une semelle antiperforation (P) et d’un cramponnage.
- S6 : Cette catégorie reprend les exigences des chaussures S2, mais une membrane imperméable recouvre toute la chaussure (pas seulement la tige), et prévient la pénétration de l’eau (WR, water resistant).
- S7 : Quant à la dernière catégorie, elle réunit les caractéristiques des S3, auxquelles s’ajoute l’imperméabilité de la chaussure entière (WR). Dotées d’une semelle antiperforation, ces chaussures de sécurité portent donc le marquage S7, S7S ou S7L.
Les exigences additionnelles pour travailler en toute sécurité
Vous suivez toujours ? Alors continuons notre route, et passons en revue les caractéristiques optionnelles. Celles-ci peuvent répondre à des besoins spécifiques selon votre métier ou votre environnement. Nous allons même vous dévoiler leur traduction. Rien de tel pour se souvenir à quoi ça correspond !
- FO (Fuel and Oil) : ce marquage indique la résistance de la semelle extérieure aux hydrocarbures. À réserver aux métiers de l’industrie automobile ou pétrolière, mais aussi aux activités dans les stations-services, les transports ou les laboratoires de pétrochimie.
- SR (Slip-Resistant) : les semelles antidérapantes sont testées sur sol gras, à la différence des semelles SB, testées avec un mélange d’eau et de détergent.
- SC (Scuff-Cap) : le sur-embout doit prouver une résistance à l’abrasion lorsque la position à genoux revient régulièrement. Ce sigle sert à le différencier d’un pare-pierre purement esthétique, qui n’apporterait pas la même robustesse.
- LG (Ladder Grip) : le talon décroché se conforme à des dimensions qui lui confèrent une meilleure accroche, et augmentent l’adhérence sur une échelle.
- AN (Ankle) : alors que les anglophones parlent de cheville, nous évaluons, avec cette abréviation, la protection des malléoles (ce qui revient au même).
- M (Metatarsal) : protection des métatarses contre des impacts jusqu’à 100 joules.
- CI (Cold Insulation) : isolation du semelage contre les surfaces froides.
- HI (Hot Insulation) : isolation du semelage contre les surfaces chaudes.
- HRO (Heat Resistant Outsole) : la semelle extérieure résiste à une chaleur de contact de 300 °C.
- CR (Cut Resistant) : résistance à la coupure.
- C (Conductive) : les chaussures à semelle conductrice évacuent rapidement les charges statiques.
Les 5 points à retenir
- Privilégier la sécurité en portant toujours des chaussures conformes à la norme EN ISO 20345.
- Identifier les différentes catégories de protection pour connaître toutes les propriétés, qui sont des réponses à des problématiques.
- Vérifier la présence de la certification et du marquage CE, preuves que les chaussures de sécurité répondent bien à la norme.
- Tenir compte des conditions environnementales (chaleur, froid, humidité, nature du terrain), et adopter l’EPI en conséquence.
- Ne pas surévaluer les besoins, au risque d’être mal protégé. Des chaussures inadaptées peuvent devenir une source d’accident.
Les technologies au service de la protection
Le confort et la protection procurés par les chaussures de sécurité dépendent en partie des matériaux utilisés.
Le cuir est l’une des matières les plus couramment utilisées dans la fabrication de chaussures de sécurité. Il offre une combinaison optimale de durabilité, de respirabilité et de résistance à l’abrasion.
Les membranes respirantes et étanches, comme le Gore-Tex, promettent l’évacuation de la transpiration tout en empêchant la pénétration de l’eau. Les pieds restent ainsi au sec.
L’utilisation de matériaux antibactériens et antifongiques, particulièrement efficaces, inhibe la croissance des bactéries et des champignons, favorisant ainsi l’hygiène des pieds.
L’EVA (éthylène-acétate de vinyle) ou le PU (polyuréthane) utilisés pour les semelles intercalaires fournissent un amorti supplémentaire, réduisant la pression exercée sur les pieds et les articulations.
Les fibres composites utilisées pour les embouts de protection, telles que le kevlar ou la fibre de carbone, offrent une alternative légère à l’acier. Elles garantissent la sécurité tout en réduisant le poids global de la chaussure.
Le TPU (polyuréthane thermoplastique), positionné dans les zones les plus sollicitées, comme le talon ou l’embout, fournit un renforcement supplémentaire.
Les matériaux antistatiques, présents dans la plupart des chaussures de sécurité, dissipent l’électricité statique de manière contrôlée.
Les chaussures de sécurité selon le secteur d’activité
Nous le savons, chaque secteur a des besoins ou des exigences spécifiques. Aussi est-il préférable d’examiner le lieu de travail pour déterminer le profil de chaussures à privilégier.
Par exemple, dans les métiers du bâtiment, de la construction ou de l’industrie, il est recommandé de choisir des chaussures de sécurité normées S3, qui offrent une protection optimale contre les chocs, les perforations, les coupures et l’humidité. Ou encore mieux contre les intempéries, des chaussures normées S7 qui ont l’avantage d’être entièrement imperméables.
Les professionnels de la restauration, de l’hôtellerie ou du nettoyage peuvent opter pour des chaussures de sécurité normées S2, qui présentent une bonne résistance à l’eau et aux glissements. Ou bien des chaussures normées S1, si le travail en intérieur ne nécessite pas une tige hydrofuge.
Quant aux salariés des métiers de la santé, du bien-être ou du commerce, ils portent habituellement des S1, qui garantissent un bon confort.
Pour le travail sur un chantier boueux ou dans une usine agroalimentaire, dans le secteur agricole, la pêcherie ou le nettoyage industriel, les bottes S4 ou S5 attestent une étanchéité absolue.
Le déploiement de la norme ISO EN 20345:2022
La nouvelle version de la norme 20345, publiée au Journal officiel de l’Union européenne en mai 2023, remplace peu à peu les modèles de la norme 20345:2011. Concrètement, lesquels allez-vous trouver en vente ?
Eh bien, les deux. Les chaussures de sécurité déjà présentes sur le marché peuvent rester en rayon jusqu’à l’expiration de leur certificat. Plus précisément, il faudra attendre novembre 2029 pour que les deux versions de la norme cessent de coexister. D’ici là, tant que les chaussures portent le marquage CE, et affichent clairement la norme et ses exigences optionnelles, votre EPI garantit votre sécurité.
Alors que s’est-il passé entre 2011 et 2022 ? Les méthodes d’essai de certaines caractéristiques, comme la résistance à la perforation, la résistance au glissement ou la résistance à la coupure ont été modifiées. Ces changements visent à rendre les tests plus représentatifs des conditions réelles d’utilisation des chaussures de sécurité, et à harmoniser les critères avec les normes internationales.
De plus, la révision permet de clarifier certains points, comme, par exemple, la différence entre l’utilisation d’un matériau hydrofuge et des chaussures entièrement imperméables. Celles-ci justifient d’ailleurs la création des deux nouvelles catégories S6 et S7.
L’objectif de toute modification reste l’amélioration de la performance, du confort et de la durabilité des chaussures de sécurité. Il s’agit donc de bénéfices pour le professionnel.
À noter
L’utilisateur d’un EPI accorde, avec raison, sa confiance aux normes. Cependant, il a quelques devoirs envers son équipement et sa sécurité, et doit :
- ajuster convenablement ses chaussures pour bénéficier d’une protection optimale ;
- inspecter régulièrement son matériel de sécurité pour déceler tout signe d’usure ou de détérioration ;
- ranger correctement ses accessoires pour préserver leur intégrité.
Si l’expression populaire « bête comme ses pieds » s’emploie couramment, chez Bricozor, nous ne partageons pas cette croyance. D’ailleurs, la course à pied favorise la production de nouveaux neurones, mais c’est une autre histoire. Vos pieds vous portent à longueur de journée et se plient à vos quatre volontés, malgré des conditions de travail souvent difficiles. Enfiler des chaussures de sécurité de la norme EN ISO 20345 constitue la meilleure prévention des risques d’accidents et de lésions.
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