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Les saints de glace

Tout ce qu'il faut savoir sur les saints de glace

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Chaque année, au cœur du printemps, c’est toujours la même ritournelle qui réapparait : « Chers jardiniers, prenez garde aux saints de glace ! »

Mais, pourquoi ces dates du 11, 12 et 13 mai sont-elles tant redoutées ? Faut-il réellement en tenir compte avant de planter ses légumes ? Pour vous, nous démêlons le vrai du faux concernant cette croyance populaire qui rend le maraîcher si méfiant… à tort ou à raison ?

D'où provient la croyance populaire des saints de glace ?

Selon une idée bien ancrée dans l’esprit collectif, il vaut mieux patienter après les saints de glace pour mettre ses végétaux en terre. En effet, cette période qui s’étale sur trois jours (les 11, 12 et 13 mai) serait particulièrement propice à l’apparition du gel. Alors, mythe ou réalité ?

L'histoire débute en l'an 500 de notre ère

Remontons l’horloge du temps bien loin dans le passé pour retrouver les premières traces de ce que l’on appelle communément aujourd’hui les saints de glace. En effet, cette croyance populaire est particulièrement ancienne puisqu’elle date du début du Moyen Âge, soit il y a environ 1500 ans.

À cette époque, l’ensemble de la communauté agricultrice juge bon de commencer à planter les végétaux au mois de mai, dès l’arrivée de conditions météorologiques plus clémentes.

Malheureusement, certaines années, cela tourne mal. Les températures négatives surviennent contre toute attente, entraînant l’apparition du gel : les cultures sont alors inexploitables et les efforts des agriculteurs anéantis…

Des prières aux résultats incertains

À la suite de ce constat récurrent, saint Mamert, l’archevêque de Vienne, instaure en mai la fête des rogations pour conjurer le mauvais sort.

Ces festivités de trois jours, au cours desquelles prières et jeûne étaient de mise, précédaient la célébration du jeudi de l’ascension. Rappelons que jadis, la population rurale prédominait très largement. Les suppliques du peuple étaient donc bien souvent tournées vers le souhait d’une moisson prospère.

À la longue, il était constaté que ces prières restaient vaines et n’assuraient pas une protection efficace des récoltes. C’est pourquoi, les trois jours de jeûne furent progressivement abandonnés et sont, depuis lors, associés à une période propice au froid et dont il fallait se méfier pour ses plantations.

Voici comment naquit la légende des saints de glace…

Les saints de glace historiques

Qui sont donc ces saints de glace issus de la tradition populaire ? Voici une courte présentation de chacun d’entre eux.

  • Saint Mamert (le 11 mai) : comme nous venons de l’évoquer, il s’agit de l’archevêque qui, malgré lui, donna naissance aux fameux saints de glace.
  • Saint Pancrace (le 12 mai) : cet adolescent martyr de 14 ans fut mort décapité en 304, car il refusait de renoncer à la religion chrétienne. Il est l’un des saints patrons des enfants.
  • Saint Servais ou saint Gervais (le 13 mai) était un évêque de Tongres en Belgique, très renommé au IVe siècle.

Évidemment, les gelées se poursuivant au-delà de la date du 13 mai, d’autres saints plus méconnus du grand public prolongent quelque peu la période des saints de glace. Quelques dictons bien sentis découlent de ces dates situées durant la seconde quinzaine du mois.

  • Saint Boniface (le 14 mai), le dicton populaire suivant lui est consacré : « Le bon saint Boniface entre en brisant la glace. »
  • Saint Yves (le 19 mai), ce dernier est cité dans la maxime : « Craignez le petit Yvonnet. »
  • Saint Bernardin (le 20 mai), qui a donné le proverbe suivant : « S’il gèle à la Saint-Bernardin, adieu le vin. »
  • Saint Urbain (le 25 mai) signe enfin la fin des gelées, à en croire ce dicton populaire : « Mamert, Pancrace et Servais sont les trois saints de glace, mais saint Urbain les tient tous dans sa main. »

Cachez ces saints que je ne saurais voir !

Bien que les saints de glace soient encore considérés aujourd’hui comme une référence pour le jardinier, les saints figurant dans le calendrier de l’époque ont été remplacés depuis 1960 par l’Église catholique. Cela afin d’éviter le détournement par les coutumes païennes.

Ainsi, suite au IIe concile œcuménique du Vatican :

  • saint Mamert est remplacé par sainte Estelle le 11 mai ;
  • saint Pancrace laisse la place à saint Achille le 12 mai ;
  • saint Servais s’efface au profit de sainte Rolande le 13 mai.

Saints de glace : que dit la réalité ?

Le mythe des saints de glace est donc établi selon une croyance populaire. Mais dans les faits, le risque de gelée est-il vraiment plus élevé au cours de ces fameux trois jours ?

Des chiffres peu éloquents

Dans la réalité statistique, les chiffres sont peu probants. En effet, ces derniers ne mettent pas en relief une corrélation évidente entre les saints de glace et le risque de gelée. En tout cas, pas davantage que les quelques jours qui les précèdent ou les suivent.

Plus concrètement, découvrez ci-dessous quelques statistiques parlantes sur la fréquence des gelées au cours des dernières décennies pendant les trois jours des saints de glace :

  • l’apparition de fortes gelées concerne une année sur dix ;
  • des gelées blanches (gelées légères) surviennent une année sur trois ;
  • aucun gel n’est observé six années sur dix.

Par conséquent, vous pouvez vous aventurer à planter quelques légumes d’été durant cette période, car vous l’aurez constaté, le risque est modéré.

Des gelées rares, mais pas impossibles

Mais alors, dans les cas peu fréquents où les gelées s’invitent dans nos contrées, comment justifier le phénomène ?

Les astrophysiciens se sont appliqués à rechercher une explication rationnelle. Une zone chargée de poussières dans l’espace pourrait causer la chute des températures au mois de mai. Celle-ci agirait tel un écran empêchant les rayons du soleil de nous parvenir.

Par ailleurs, le phénomène peut s’expliquer par la présence d’air froid qui déboule sur le territoire à cette période. Quand celui-ci converge avec une phase anticyclonique, et donc un ciel dégagé (surtout la nuit), les températures ont tendance à chuter et à induire des gelées, même si le climat est doux en journée.

Peut-on planter tous les végétaux pendant les saints de glace ?

De manière générale, il est recommandé de patienter jusqu’à la fin mai pour planter les légumes gélifs, à l’instar du poivron, de la tomate, de l’aubergine ou du melon (sauf si vous les protégez dans un tunnel, une serre ou à l’aide d’un voile d’hivernage).

En revanche, vous pouvez sans crainte mettre en terre arbres et arbustes en conteneur ou quelques végétaux peu frileux comme les carottes, les pois ou les radis.

Bon à savoir :

Il existe une astuce infaillible pour être certain qu’il ne gèlera pas la nuit. En soirée, levez les yeux au ciel : si ce dernier est couvert, le gel nocturne est fort peu probable !

Que planter en mai dans son jardin ?

Les beaux jours sont officiellement arrivés, il est temps de passer du temps dans le jardin. Nos experts vous guident et vous donnent des conseils sur ce que vous pouvez planter et / ou semer au mois de mai.

En savoir plus

Gare aussi à la lune rousse !

Le phénomène de lune rousse a lieu à peu de chose près en même temps que les saints de glace, plus précisément d’avril (après Pâques) jusqu’au début du mois de mai. C’est pourquoi un lien entre les deux événements est souvent établi.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce phénomène astronomique n’a aucun rapport avec la couleur affichée par la lune durant cette phase. Cette appellation provient du roussissement que prennent les végétaux sous l’effet du gel.

Retenez simplement que cette période au cours de laquelle la lune n’est pas éclairée par le soleil peut être néfaste pour les premiers bourgeons. En effet, ces derniers pourraient présenter au petit matin un aspect brûlé, signe de l’attaque nocturne de gelées inopinées…

En bref, si le gel n’apparait pas systématiquement pendant les trois jours des saints de glace, le risque n’est tout de même pas négligeable. Dans le doute, il vaut mieux patienter un peu et attendre la deuxième quinzaine de mai afin d’éviter les mauvaises surprises !

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