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la main pousse la poignée de la porte coupe-feu de l'issue d'urgence pour l'évacuation incendie

Quelle est la réglementation des portes coupe-feu ?

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Les flammes se propagent rapidement, la fumée envahit les couloirs, et c’est souvent le chaos. Quand un incendie se déclare, les premières minutes sont déterminantes.

Pour éviter que le feu ne transforme tout un bâtiment en piège, un cadre juridique impose des mesures de compartimentage. Le but : cloisonner les zones pour freiner la progression du sinistre.

La porte coupe-feu joue dans ce dispositif un rôle essentiel. Cet équipement certifié doit résister aux flammes et empêcher le passage de la fumée. Parce qu’on ne joue pas avec le feu, nous allons revoir ensemble la réglementation des portes coupe-feu, les normes à respecter, et les conséquences d’une installation non conforme.

Le rôle déterminant d'une porte coupe-feu

Ralentir la propagation d’un incendie à l’intérieur d’un bâtiment, c’est le rôle d’une porte coupe-feu. Elle doit donc résister aux flammes, à la chaleur et à la fumée pendant un certain temps. Cette porte fait partie intégrante du dispositif de compartimentage, qui consiste à diviser un bâtiment en zones étanches au feu afin de contenir le sinistre dans un périmètre limité.

Les portes coupe-feu sont classées selon leur durée de résistance au feu, exprimée en minutes. Le « E » indique l’étanchéité aux flammes, le « I » l’isolation thermique. Par exemple :

  • EI 30 : résistance 30 minutes ;
  • EI 60 : résistance 60 minutes ;
  • EI 120 : résistance 120 minutes.

Ainsi, on installe les portes coupe-feu dans des endroits stratégiques : locaux techniques, archives, parkings souterrains, cages d’escaliers, ou encore dans les ERP (établissements recevant du public) où la densité humaine impose un haut niveau de sécurité. Leur présence permet non seulement de faciliter l’évacuation, mais aussi de protéger les zones non touchées le temps que les secours interviennent.

Le cadre réglementaire applicable en France

En France, plusieurs textes réglementaires encadrent l’installation et l’usage des portes coupe-feu. Ils varient en fonction du type de bâtiment (habitation, ERP, entreprise…) et de son usage, et définissent les exigences attendues.

Les textes de référence

  • Le Code de la construction et de l’habitation fixe les règles générales de sécurité dans les bâtiments.
  • L’arrêté du 31 janvier 1986, toujours en vigueur pour les immeubles d’habitation, précise les obligations en matière de compartimentage, d’évacuation et de résistance au feu.
  • Pour les établissements recevant du public (ERP), c’est l’arrêté du 25 juin 1980 modifié qui fait foi. Il détaille les exigences selon les types d’activités et la capacité d’accueil.
  • Enfin, le Code du travail encadre la sécurité incendie dans les lieux professionnels via les articles R.4227-28 à R.4227-41, avec des consignes claires sur l’évacuation, les issues de secours, et les moyens de protection.

Les exigences principales

La réglementation exige l’installation de portes coupe-feu lorsque la configuration du bâtiment le nécessite, en particulier dans les zones à risque (locaux techniques, sous-sols, gaines techniques, parkings, etc.). Les exigences portent notamment sur :

  • l’indice de résistance au feu requis, généralement 30, 60 ou 120 minutes, selon les fonctions des locaux et les circulations concernées ;
  • le mode de fermeture (la porte doit pouvoir se fermer automatiquement en cas d’incendie, ou manuellement sans obstacle) ;
  • l’installation obligatoire par un professionnel qualifié.

Les normes techniques à respecter

La réglementation des portes coupe-feu regroupe des normes techniques qui garantissent un niveau de performance homogène, vérifiable et reconnu dans toute l’Union européenne.

Norme NF EN 1634-1 : test de la résistance au feu des portes

La norme NF EN 1634-1 constitue la référence en matière de test de résistance au feu des portes et blocs-portes. Elle simule les conditions d’un incendie en laboratoire, en soumettant l’équipement à une chaleur intense pendant une durée déterminée. L’objectif de ce test, évaluer la capacité d’une porte à :

  • résister à la montée en température ;
  • empêcher les flammes de passer (étanchéité) ;
  • et limiter la transmission de chaleur (isolation thermique).

Norme NF EN 13501-2 : le classement au feu des produits et éléments de construction

Cette norme complète la précédente en attribuant le classement européen pour les produits de construction soumis au feu : étanchéité aux flammes et au gaz chaud (E), durée de l’isolation (I) et rayonnement limité (EW).

Marquage et certification : des gages de conformité

Chaque porte coupe-feu conforme doit comporter un marquage CE ou, en France, une certification NF. Une étiquette apposée directement sur la porte précise les performances testées, le numéro de lot et parfois le fabricant.

En cas d’audit, de contrôle ou de sinistre, cette étiquette fait foi. Sans elle, impossible de prouver la conformité de l’équipement.

De quoi est faite une porte coupe-feu ?

Plus qu’une simple porte renforcée, la porte coupe-feu requiert des éléments réputés pour leur résistance au feu. Chaque matériau, accessoire et pièce de quincaillerie joue un rôle spécifique.

  • L’âme (le cœur de la porte) : souvent composée de plâtre, de laines minérales (laine de roche, laine de verre) ou de panneaux en silicate de calcium, tous réputés pour leur résistance thermique.
  • Le parement (les faces extérieures) : en tôle d’acier, bois ignifugé, ou stratifié haute pression selon les besoins esthétiques ou techniques.
  • Les joints intumescents : indispensables, ces joints gonflent sous l’effet de la chaleur pour colmater les interstices.
  • Les équipements de quincaillerie : fermetures, paumelles, ferme-porte, tous doivent être certifiés et résistants au feu.

Les obligations d'installation d'une porte coupe-feu

L’installation d’une porte coupe-feu n’est pas laissée au bon vouloir du maître d’ouvrage ou du propriétaire des lieux : elle répond à des obligations précises, en fonction de la configuration du bâtiment et de sa fréquentation.

Ainsi, dans les bâtiments d’habitation, on retrouve systématiquement ces dispositifs dans les cages d’escaliers, notamment lorsqu’elles constituent une issue de secours. Les accès aux caves, parkings souterrains ou locaux techniques (chaufferies, gaines électriques) doivent également être protégés pour limiter la propagation des flammes et des fumées vers les étages supérieurs.

Du côté des ERP, le niveau d’exigence varie selon la catégorie de l’établissement, l’activité exercée (crèche, hôpital, centre commercial, etc.) et le flux de fréquentation. On installe notamment des portes coupe-feu dans les circulations verticales (ascenseurs, escaliers), les zones de désenfumage ou les compartiments coupe-feu destinés à isoler des secteurs à risques.

Enfin, dans les lieux professionnels ou industriels, le Code du travail impose la pose de portes coupe-feu dans certains espaces comme les archives, les locaux de stockage de produits inflammables ou encore les zones de transit de marchandises.

Installation, entretien et contrôle

La pose d’une porte coupe-feu ne s’improvise pas : pour garantir son efficacité en cas d’incendie, elle doit impérativement être installée par un professionnel qualifié, selon les prescriptions du procès-verbal (PV) de conformité délivré par le fabricant. Ce document atteste que la porte a été testée et validée en laboratoire, dans des conditions précises, et que l’ensemble (ouvrant, dormant, quincaillerie) forme un système indissociable.

Une fois posée, la porte coupe-feu doit pouvoir se fermer complètement et automatiquement en cas d’incendie. Exit donc les cale-portes, crochets ou autres dispositifs artisanaux : tout obstacle à la fermeture est interdit, au risque d’annuler l’efficacité de la protection.

La réglementation des portes coupe-feu fixe un entretien régulier pour vérifier les performances dans le temps. Cela inclut la vérification des joints intumescents, de la quincaillerie (ferme-porte, paumelles) et du bon alignement de l’ouvrant. Dans les ERP, une maintenance préventive est obligatoire, souvent intégrée à un contrat d’entretien annuel.

Un contrôle visuel annuel est également recommandé, même hors ERP, afin de s’assurer qu’aucune modification ou détérioration n’ait compromis la résistance au feu de la porte.

Les risques en cas de non-conformité

Une porte coupe-feu non conforme, mal installée ou entravée, peut avoir des conséquences dramatiques. En cas d’incendie, elle ne joue plus son rôle de barrière; Au contraire, elle permet une propagation rapide des flammes et des fumées, et compromet alors l’évacuation des occupants et la sécurité des secours.

Au-delà du risque humain, les sanctions juridiques et financières peuvent être lourdes. La négligence de l’exploitant ou du propriétaire peut faire l’objet d’amendes, voire nécessiter la fermeture administrative du bâtiment. En cas d’accident, la responsabilité civile et pénale peut être engagée, avec des poursuites à la clé.

Côté assurance, la facture peut aussi grimper : l’assureur est en droit de refuser la prise en charge des dommages si la porte coupe-feu n’était pas conforme ou mal entretenue.

Comment reconnaître une porte coupe-feu ?

Toutes les portes épaisses ne sont pas des portes coupe-feu. Elles se distinguent par :

  • une étiquette de certification CE, NF ou un PV de classement feu ;
  • des joints intumescents visibles sur le pourtour (ils gonflent sous l’effet de la chaleur pour bloquer la fumée et les flammes) ;
  • un dispositif de fermeture automatique (ferme-porte hydraulique ou ressort intégré) ;
  • une plaque signalétique métallique, souvent vissée sur le chant ou la tranche, qui précise le niveau de résistance au feu.

La réglementation des portes coupe-feu fait partie de la stratégie globale de la sécurité incendie. Testées puis certifiées, les portes jouent un rôle vital dans la protection des personnes et des biens. Se conformer à la réglementation constitue une obligation, mais c’est aussi un acte de prévention responsable.

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