Comment choisir des charnières invisibles pour un meuble ?

Les charnières invisibles que l’on retrouve sur les meubles contemporains en bois, comme les cuisines ou les placards,  paraissent des organes simples au premier abord. Mais selon le montage d’origine, leur fonctionnement propre et à travers le vaste choix qui est offert, la sélection de la bonne charnière demande une petite connaissance des termes utilisés. Nous allons vous guider dans cet univers et vous permettre ensuite de choisir le bon modèle.

Pour choisir une charnière invisible pour porte de meuble ou de placard, quelques questions sont à se poser :

• Quelle est la position de la porte par rapport aux joues du meuble ?
• Quel est l’angle d’ouverture souhaitée ?
• Combien de charnières faut-il poser ?
• Le meuble est-il droit ou à pan coupé (meuble d’angle) ?
• N’oubliez pas de prendre les embases (plaques de fixation) !

Une charnière invisible complète est composée de quatre parties, ayant chacune leur fonction :

• Le boitier ou tête de charnière : c’est lui qui se fixe et s’encastre dans la porte
• Le bras : Prolongeant le boitier, cette pièce permet la fixation de la charnière sur l’embase
• L’axe de pivotement : Il permet la liaison entre le boitier et le bras, et le pivotement  de la porte
• L’embase : Située sous le bras, elle est fixée sur la paroi du caisson

Toutes les charnières invisibles ont des vis de réglages sur leur bras et parfois sur l’embase également.

Nous allons présenter les charnières invisibles suivant leurs caractéristiques physiques et techniques. Ces différences peuvent se cumuler sur certaines charnières : par exemple, une charnière non amortie peut être automatique dans sa fermeture.

Selon le montage de la porte sur le côté du meuble, la charnière sera coudée ou non. Avec une porte en applique, c’est à dire, la porte est devant le côté du meuble, la charnière peut être fixée dans la porte à l’alignement de sa plaque de fixation : elle est donc droite. On prendra alors une charnière à coudure 0 : ces modèles font 80 % des ventes. On parlera ici de ferrage en applique.

Le cas intermédiaire est celui des charnières posées sur un montant central pour fixer des portes jumelées ou ferrage de montant central. La porte est bien devant le montant, mais pas autant que sur un bord de meuble, puisque l’autre porte a besoin aussi d’espace de rotation. On prendra une charnière coudée à 9 ou 9.5 mm.

À l’inverse, si la porte est encastrée, ou à ferrage rentrant, c’est à dire que la porte est contenue entre les côtes du meuble : la charnière ne peut pas être fixée à l’alignement, car elle mordrait alors dans la tranche de la porte ! Il faut donc que la charnière s’éloigne du côté du meuble pour pouvoir se fixer, donc qu’elle soit coudée. On prendra une charnière coudée à 16 ou 17 mm.

Afin de bien visualiser les différentes indications données dans les caractéristiques des produits,  rien ne vaut des schémas. Comme précédemment, nous allons les décliner selon la position de la porte.

Sur ces schémas, nous avons le côté qui correspond à la paroi latérale du caisson, et la porte représentée dans ses différentes positions. Nous allons détailler les différentes cotations :

• Recouvrement  A. C’est la distance de chevauchement de la porte sur le montant du meuble.

• Jeu F. Ce jeu est l’encombrement nécessaire à l’ouverture de la porte. Il est primordial dans le cadre de portes en semi-applique et de portes encastrée.

• Distance de boitier C. C’est la distance entre le percement du boîtier et le chant de la porte.

• Base B. C’est la distance entre le percement du boitier et la base du bras, hors embase. Cette distance est un bon moyen de connaitre la coudure de la charnière. Pour une coudure de 0, la base B est de 12,5 mm, pour la coudure de 9 elle est de 3 mm. Et elles de -4 mm pour une coudure de 16.

• Distance D. C’est la surépaisseur de l’embase où vient s’accrocher la charnière. Sur les données techniques, on va trouver des distances de 0, 1,5, 3 ou 5 mm. La plus commune est la distance 0. Certains montages demandent des distances différentes de 0, comme ici pour des portes rentrantes ou épaisses.

Pour plus d’informations sur cette distance D, voir la rubrique sur les embases, située plus bas.

Ce critère est également déterminant dans le choix de la charnière. Il n’y a pas de charnière vraiment universelle, pouvant se monter sur des portes de 10 mm comme de 32 mm. L’épaisseur d’une porte standard est de 19 mm. La plupart des charnières se montent sur des portes comprises entre 15 et 22 mm d’épaisseur. Mais quand l’épaisseur se situe en dessous de 15 mm, il faut des charnières dont la profondeur du boîtier est diminuée,  10 mm étant l’épaisseur minimale.

La profondeur du boîtier d’une charnière classique demande un perçage  de 11,8 à 12,9 mm. Mais selon le type de boîtier, ce perçage peut être plus profond, allant jusqu’à 15,5 mm. Pour des portes fines, les charnières spécifiques ont un boîtier de profondeur de 7,8 mm.

Suivant l’angle que fait la porte par rapport à la paroi du caisson et l’angle d’ouverture de la porte, le modèle de charnière va être différent. Les charnières invisibles classiques ouvrent à 95°. Les modèles à 110° sont aussi courants. Certains modèles ouvrent à 135, 150 et même 165 degrés ce qui permet l’installation de porte de meuble dans des angles, sur des montants intérieurs, ou pour ouvrir plus largement un meuble sans voisin immédiat.

Nous allons visualiser les angles les plus courants disponibles sur le site de Bricozor.

Ce sont les charnières les plus courantes.

Dans cette catégorie, vous avez des angles entre porte et caisson de 20, 30 ou 45°.

Comme nous l’avons vu précédemment, une charnière invisible est équipée d’un boîtier  qui permet la fixation de la porte.  Les boîtiers de charnières varient suivant les entraxes de perçage, le mode de fixation et la profondeur d’encastrement.

Les entraxes de perçage

Les trous percés dans le boîtier ont des entraxes différents selon la marque :

• Hettich : 45 ou 52 mm
• Salice : 45 ou 48 mm

Le mode de fixation

Les boitiers à visser

Ces charnières ont des boitiers percés de deux trous dans lesquels des vis viennent se fixer dans le bois de la porte.  C’est le montage traditionnel. Ces boitiers sont livrés sans vis.

Dans l’industrie du meuble, pour un gain de temps, le montage se fait en série. Pour cela, les portes sont fraisées de deux trous de 8 ou de 10 mm à l’entraxe des boîtiers. Une cheville à expansion en matière plastique et une vis sont prémontés sur le boîtier de la charnière.  Ces dernières sont ensuite mise en place en enfonçant par frappe  les chevilles munies des vis. Dans le cadre d’un remplacement, bien vérifier le diamètre du trou recevant les chevilles.

Toujours issus des process industriels, ces boitiers ne nécessitent aucune vis de fixation. C’est le boitier lui-même qui s’expanse dans ses logements et se bloque fermement pour offrir une excellente fixation à la charnière. Il s’appelle Fix chez Hettich.

Les charnières invisibles se fixent sur la porte. Elles sont reliées aux côtés du meuble par une plaque de fixation ou embase. Les charnières sont généralement livrées sans embase, car si les charnières se choisissent surtout en fonction des angles et des positions de la porte, les plaques varient en fonction du mode de pose et des besoins de réglage. Il faut donc prendre une plaque de fixation par charnière, dans la même gamme.

Les embases sont généralement vissées, soit avec des vis à bois classiques (fournies ou non) soit avec des vis manchonnées, qui améliorent la durabilité et permettent la pose et la dépose sans abîmer le support. Le réglage est souvent nécessaire à la pose pour ajuster précisément la porte. La plupart des plaques sont percées de trous de fixation oblongs qui permettent un réglage sans repercer. Les modèles avec excentriques permettent un réglage en finesse.

Compléments indispensables des charnières, les embases ont, elles aussi,  leur spécificités : forme, épaisseur, option de réglage, fixation. Ce qu’il faut noter, c’est que chaque marque de charnière a ses propres embases et qu’elles ne sont pas interchangeables.  Et même au sein d’une marque, toutes les embases ne vont pas sur toutes les charnières.

Les embases ont deux formes bien distinctes : cruciforme et linéaire.

L’embase cruciforme offre une meilleure stabilité de fixation grâce à sa plus grande surface de contact. Mais surtout, grâce aux trous oblongs, cette embase permet un réglage de la position verticale de la porte.

Les embases cruciformes de base possèdent deux trous oblongs pour le passage de vis à bois de 4,5 mm. Sur certaines embases, ces vis sont pré-montées.

Mais les fabricants offrent d’autres modes de fixations que les simples vis : les vis euro. Ces vis ont un diamètre de 6,2 mm et viennent se visser dans un pré-perçage de 5 mm. Ces vis sont la plupart du temps pré-montées sur l’embase.

Lorsque deux embases doivent se monter dos à dos sur un montant, il faut que les vis ne se trouvent pas au même niveau pour ne pas se rencontrer. Pour cela, sur certaines embases dites « pour montant central », les trous oblongs sont asymétriques.

L’indication de distance D pour les embases peut être considérée comme de la surépaisseur ajoutée à l’embase de base, dite à distance 0. Cette dernière fait environ la même épaisseur que la platine du boîtier de la charnière.

• 0 = embase de base
• 1,5 = embase de base + 1,5 mm
• 3 = embase de base + 3 mm, etc

Ces différentes épaisseurs permettent, quand vous avez une porte en applique ou semi applique, de compenser le retrait du caisson ou d’ajuster dans le cas de portes épaisses ou très fines. Dans le cas de portes encastrées, ces différentes épaisseurs permettent d’ajuster l’espace entre la porte et son encadrement, la cote F (voir schéma plus haut).

Afin d’améliorer les fonctions ou d’en  limiter certaines, il existe des accessoires à adapter sur les charnières.

Ces produits permettent de limiter l’ouverture de la charnière. Il n’existe pas de limiteur universel. Il faut vérifier la compatibilité du modèle avec le type de la charnière.

En exemple,  les limiteurs pour charnière Sensys 8645i Hettich

Quand les charnières ne sont pas équipées d’amortisseur de fin de fermeture, il existe des amortisseurs autonomes. Ils permettent une fermeture des portes en douceur.

Les cache-bras de charnière et les cache-boitiers permettent de signer une finition parfaite et très discrète, en cachant les différentes vis de fixation et de réglage.

Jusqu’à 90 cm de haut, pour un vantail de 4 à 6 kg, deux charnières suffisent : c’est le cas de la majorité des portes de placard. Pour les portes plus hautes, la règle est d’une charnière pour environ 50 cm de porte.

Toutes les charnières ont une ou deux vis de réglage sur le bras. Ce qui permet de régler l’aplomb et la profondeur de la porte.

Grâce aux trous oblongs de l’embase, on peut effectuer  un réglage de la position verticale de la porte.

Certaines embases ont en plus une possibilité d’affiner ce réglage vertical grâce à une vis excentrique supplémentaire.

Ce système permet l’ouverture d’une porte de meuble d’une simple pression de la main. Il est appelé Push to Open chez le fabricant Hettich et Push chez Salice.

Le principe de fonctionnement est simple. On appuie légèrement sur la porte avec la main. Grâce au poussoir placé derrière la porte, ou avec le ressort intégré dans les charnières de la porte, cette dernière s’entrouvre afin de passer ses doigts et ouvrir complètement la porte. Selon la force du poussoir ou du ressort de la charnière, et le réglage effectué, la porte s’entrouvre plus ou moins largement. Il suffit ensuite de repousser la porte pour la refermer. La porte est maintenue en position fermée grâce à l’aimant situé sur le poussoir.

Afin de mettre en place ces systèmes Push ou Push to Open, il y a plusieurs règles à respecter :

• Le choix des charnières. Pour que le système Push fonctionne, il faut que les charnières invisibles soient adaptées. Il y a plusieurs choix possibles :